Ce dessin très précoce de Louis Rivier, réalisé à l’âge de 16 ans, représente un paysage de montagnes dans les alentours des Giettes, petit village valaisan. Louis Rivier passait des vacances dans le chalet de la famille Mercier, construit en 1901 par Jean-Jacques Mercier.

Rivier choisit un format vertical et construit une perspective étroite. On y voit un pré traversé par une palissade en bois, un chalet et des sapins sur la droite. Au loin, s’élève le flanc d’une montagne recouverte d’une dense forêt. 

Chaque élément de ce paysage est exécuté de plusieurs hachures de différentes longueurs et épaisseurs. Certaines sont obliques, répétées, et créent des filets plus ou moins denses. Cette technique permet à Rivier de définir les différentes zones d’ombre et de modeler les volumes. D’ailleurs, ce dessin est essentiellement constitué d’ombres. De grandes ombres portées projettent au sol les cimes de quelques arbres hors champ et situés sur la gauche. Les planches de la palissade et le toit du chalet sont aussi rythmés par la modulation des gris qui décrivent les parties ombragées et les parties ensoleillées. 

Ce dessin, né vraisemblablement d’une observation directe, a une nature picturale. Rivier porte une attention particulière à la description atmosphérique et lumineuse. Il utilise la mine de plomb comme s’il s’agissait d’un pinceau. La technique adoptée permet aussi un certain niveau d’abstraction et de synthèse. La forêt et le pré, constitués de seules hachures et d’aucun contour, sont « recomposés » par le regard du spectateur. Le résultat est vif et vibrant.