Ce tableau est un portrait en buste de la fille d’Arthur Stoll, industriel et collectionneur d’art de Bâle qui, dès 1940, achète plusieurs tableaux à Louis Rivier.
Le haut du corps de la jeune fille fait face au spectateur, tandis que son visage est orienté de trois-quarts. Son regard est sérieux, ses lèvres serrées. La jeune femme a une expression distinguée. Ses cheveux, partagés par une raie centrale, sont frisés, couleur châtain clair et attachés derrière la nuque en tresse.
Ses traits délicats expriment une certaine sévérité. Le nez droit, les lèvres charnues, les sourcils foncés dessinent des lignes et des courbes précises. Sa posture droite, tenue, accentue encore cette impression. La jeune femme pose les mains, l’une sur l’autre, sur son ventre, dans un geste maintes fois représenté par le peintre, en particulier dans les portraits féminins. De nombreux bracelets en or ornent ses poignets. Elle porte une bague sertie d’une pierre blanche à l’annulaire droit. Un pendentif noir, de forme ovale, décoré de trois cercles blancs, descend sur sa poitrine ; un deuxième collier en or embellit son cou.
La jeune femme est habillée d’une robe rouge garance au col vaporeux, légèrement montant. Un manteau de fourrure, posé sur ses épaules, lui recouvre les bras. Rivier porte une attention particulière au rendu des poils ainsi qu’aux nuances brunes et aux reflets de la lumière sur cette texture que l’on imagine douce et souple. Visage et mains sont d’un grand réalisme : on distingue, en particulier, les ongles et les plis des jointures des doigts, les joues d’un rose vif, les cils noirs et le léger maquillage des yeux.
La silhouette se démarque d’un fond bleu marine neutre. La lumière est étale et les ombres, presque absentes, soulignent délicatement les plis des vêtements et modèlent les traits du visage.
Cette composition, caractérisée par trois couleurs principales - le rouge, le marron et le bleu - est d’une grande sobriété accentuée par la frontalité et la centralité de la figure. Cette essentialité est soulignée par l’attitude de la jeune femme et, en même temps, contrebalancée par la richesse de ses habits et de ses bijoux. Les lignes courbes et rondes prévalent : les doigts fuselés, la forme ovale du visage, celle du pendentif, la rondeur des épaules et la circularité du col ondulé.
Louis Rivier choisit un cadrage de type photographique : les coudes de Mademoiselle Stoll, cachés par le manteau, sont hors champ. Cela amplifie l’effet de proximité avec le spectateur. Comme si la jeune femme se tenait assise devant lui. Elle semble avoir été capturée lors d’un instant de distraction. Ces éléments confèrent au portrait une impression d’immédiateté contrastant avec la fixité du buste et des mains.
Notre attention est aiguisée par tous ces aspects imperceptiblement discordants et se focalise entièrement sur le personnage représenté, cherchant à saisir sa personnalité, dissimulée par l’attitude discrète et un brin figée de la jeune femme.