Ce dessin à la mine de plomb est un portrait en plan rapproché de Julie (née de Rham), épouse du peintre. Le visage de la jeune femme, âgée ici de 21 ans, est orienté de trois-quarts. Ses yeux se tournent et fixent un élément situé hors-champ, peut-être son époux, le dessinateur. Elle sourit imperceptiblement manifestant sérénité et tranquillité intérieure. La pointe de son oreille gauche est partiellement cachée par une mèche de cheveux noués en chignon et partagés par une raie.

Julie porte autour du cou un collier orné d’un médaillon-pendentif en forme de fleur de lys. Il ne s’agit pas du pendentif habituel, de forme ovale, serti d’or avec trois pierres précieuses incrustées, mais d’un autre bijou qu’elle tient de la main droite, le mettant ainsi en évidence. La jeune femme porte un vêtement doté d’un col carré souligné par la géométrie et la teinte légèrement rosée donnée par le dessinateur.

Julie joue avec la chaînette du collier, en la touchant avec la pointe de ses doigts, comme si elle avait été surprise dans un geste familier. A l’annulaire droit, on remarque une bague sertie de trois petites perles que l’on retrouve dans la peinture Portrait de jeune femme (1913), Jeune femme à la prairie (1917), Portrait de Julie au médaillon (non daté), jusqu’au Portrait de Julie au manteau de fourrure (1943). La main gauche est presque complètement hors cadre, tout comme l’épaule et le bras gauche. Ce cadrage serré procure aussi un effet photographique.

Ce dessin est très réaliste. Le visage de Julie, en particulier, manifeste une précision technique remarquable. Les ombres en soulignent délicatement le modelé, exaltant la douceur de ses traits et la présence de son regard.

La mine de plomb est utilisée avec autant de méticulosité que de liberté : les habits de Julie sont générés par un trait rapide et segmenté. Le fond est neutre, légèrement ombré dans le coin supérieur droit. Le portrait est entouré par un cadre rectangulaire formé de plusieurs hachures superposées.

Ce dessin se situe dans la série de représentations, picturales et dessinées, que Louis Rivier a consacré à son épouse : jeune, enceinte, mère ou femme âgée. Dans ces portraits, la précision des traits physiques se double d’une interprétation affectueuse et sensible de sa femme bien aimée.