Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Le Jour du Jugement
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
Date de création inconnue
Description iconographique:

Ce tableau de Louis Rivier représente le « Jour du Jugement », c’est-à-dire, le jour où, à la fin des temps, les hommes sont convoqués devant Dieu pour être jugés de leurs vies. 

Il s’agit d’un sujet iconographique connu dans l’histoire de l’art. Dans la version de Louis Rivier, Dieu ne figure pas dans la composition. Le peintre focalise son attention sur les jugés : hommes et femmes ressuscités. Les anges sont aussi présents : ils guident, poussent, tirent les humains dans un mouvement d’agitation générale. La plupart des regards se tournent vers un point situé hors champ, sur la droite. Louis Rivier laisse ainsi imaginer la présence de Dieu dans ce lieu invisible du spectateur.

La scène se déroule dans un paysage champêtre harmonieux : des pentes douces, des arbres aux cimes abondantes, un ciel bleu traversé par quelques nuages. Cependant, la prairie est ponctuée de pierres tombales, de cercueils et de croix, parfois renversés. Au premier plan, le terrain est retourné. Hommes et femmes, jeunes et vieillards, font leur apparition. Certains sont nus, d’autres partiellement recouverts de draps blancs. Tous exhibent des corps musclés, d’une beauté idéalisée. Cependant, leurs traits physionomiques sont durs, volontairement disgracieux, comme éprouvés par la période d’enterrement. Parmi les différents personnages mortels, Louis Rivier représente un petit enfant grimpant à quatre pattes un monticule. Les anges, quant à eux, affichent des expressions sereines, tout en s’adonnant à des taches physiques : soulever, déshabiller, tirer. Certains jouent de la trompette.

Corps volants, bras, jambes, pierres tombales, ailes, troncs d’arbres et nuages tracent des diagonales orientées dans plusieurs directions, comme si l’absence d’un centre, coïncidant d’habitude avec la présence divine, générait ce tourbillon de figures. Tout est mouvement. La composition se stabilise toutefois en fonction de la jeune femme nue étendue sur un drap soulevé comme un hamac. Celle-ci traverse l’espace en une spectaculaire diagonale. Les points de vue se multiplient, mais les regards amènent un peu d’ordre. En effet, l’orientation de ces derniers vers la droite est une invitation à regarder au-delà du tableau, vers un espoir ou une condamnation : à s’éloigner du désordre en quête d’un « jugement dernier ».

La gamme chromatique est vive : dominent les rose et beige des corps nus, le marron des cercueils et du terrain. Le rouge garance est aussi très présent, tout comme le blanc des tuniques, des nuages et de la barbe du vieillard central. Un vêtement bleu ajoute de la variété. Le paysage affiche une richesse de verts : vert prairie, vert clair, vert olive. Notons le surréalisme des nuages très dessinés.

La lumière est vive et étale, les ombres modèlent de manière marquée le modelé des corps, les plis des tissus, ainsi que les gonflements des nuages.

Le caractère narratif propre à d’autres compositions religieuses de Louis Rivier est ici animé par l’impétuosité des situations, des corps et des gestes. Dans ce tableau, Louis Rivier explore des registres très différents et contrastés. L’académisme des corps nus cohabite avec le style expressionniste des visages et des expressions faciales. La tragédie est exaspérée à tel point qu’elle devient théâtrale et presque caricaturale. Peut-on y lire une note vaguement comique ?