Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Le Prophète Ezéchiel
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1947
Description iconographique:

Il s’agit d’une composition religieuse représentant le prophète Ézéchiel, un stylet dans la main, en train d’écrire. Ézéchiel est assis, les jambes écartées. Ses mains se posent sur une feuille écrite, dépliée sur une tablette en bois. Le prophète tourne la tête vers sa gauche, manifestant une expression de stupeur et d’émerveillement. Son visage est ainsi de trois-quarts, presque de profil. Il a les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Ses cheveux, longs sur la nuque et bouclés, sont éparpillés, comme s’ils avaient été agités par un coup de vent, ou par le mouvement rapide de la tête. Louis Rivier porte une attention particulière au rendu de la carnation. On remarque notamment les rides creusant les joues, la peau relâchée au-dessous du menton, les lèvres rosées. Des détails manifestent le réalisme de ce corps : la légèreté des cheveux, la transparence des veines bleutées de la main gauche, l’imperceptible pointillisme de la barbe rasée. Le cadrage serré accentue la présence physique d’Ézéchiel. Le sommet de sa tête effleure le bord supérieur ; ses pieds sont hors cadre, tout comme ses mollets. 

Le prophète est habillé d’une blouse vert amande boutonnée sur le devant et d’une veste orangée doublée de fourrure. Un foulard blanc est noué autour du cou. A l’annulaire droit, il porte une bague sertie d’une grosse pierre. Une corde, nouée deux fois, lui serre la taille. Ces habits naissent de l’imagination de Rivier et sont un assemblage de modes et d’époques différentes : la veste, par exemple, appartient à une époque récente. La corde portée en guise de ceinture est, quant à elle, indice d’une époque bien plus lointaine. Au-dessous de la manche gauche on voit apparaître le poignet d’un pull rouge garance : détail vestimentaire également anachronique dans cette composition et déjà utilisé par Louis Rivier dans les œuvres Saint Jean à Patmos (1946) et Jérémie ou la Vieillesse du prophète (1952). 

Derrière et à côté du prophète, se déroule un paysage. Sur la droite, on remarque un amas d’os humains. « La Vallée des ossements desséchés » est une vision du prophète Ézéchiel, dans laquelle il se voit ressusciter les morts. Le paysage est macabre et dévitalisé : des roches claires s’entassent, réduisant le champ de vision ; elles procurent une sensation d’étouffement. Des oiseaux aux ailes déployées volent en diverses directions. Ils semblent être un présage de quelque chose d’imminent. Le ciel est, quant à lui, bleu azur et brumeux par endroits. Il coupe la vue et ferme l’espace comme un rideau épais. La couleur du ciel fait écho à celle d’un petit lac, à peine visible, apparaissant parmi les roches. La lumière est, malgré tout, dorée et douce. 

Les ombres façonnent les plis des habits en insistant sur leurs volumes, et soulignent les aspérités rocheuses et les creux des ossements. La gamme chromatique est d’une grande sobriété : un dégradé de bleus, d’ocres et de beiges, déclinés en plusieurs nuances. 

Dans cette composition, Rivier met en évidence la posture inspirée et le geste du prophète en lui conférant une attitude théâtrale et en exaltant ainsi l’aspect narratif. Malgré la présence d’un seul personnage, situé dans un contexte aride, l’attention du spectateur est captivée par le regard stupéfait d’Ézéchiel et, en suivant la direction que celui-ci lui indique, est invité à imaginer tout un monde hors champ. La composition s’anime ainsi d’objets et d’actions invisibles, et pourtant présents.