Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Le Prophète Elie fuit la colère de Jézabel
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1949
Description iconographique:

Il s’agit d’une composition religieuse représentant le prophète Elie en train d’essuyer son couteau après le massacre des 450 prophètes de Baal au pied du Mont Carmel. 

Le prophète se tient débout, appuyé contre le tronc d’un arbre. Son regard est furieux et tourné vers la droite observant un événement situé hors champ. Son visage est de trois-quarts, sa bouche est entrouverte et on voit ses dents ; il a une expression de dégoût et de colère.

Son corps est représenté en plan américain et il occupe la quasi-totalité de l’espace. La proximité du prophète avec le spectateur est ainsi amplifiée. Le sommet de la tête, coiffée d’un ample turban rose, effleure le bord supérieur du cadre. Le peintre adopte ici un type de cadrage que l’on pourrait définir de « photographique », et même de «cinématographique ». Louis Rivier exclut de la composition certaines parties du corps du prophète : les jambes, dont on voit seulement les cuisses, le bras droit et une partie de la main gauche. Le plan rapproché et la posture d’Elie, en pleine action, amplifient cette sensation de prise de vue cadrée : un moment intense capturé par Rivier. 

Elie est un homme d’âge mûr, portant une barbe noire. Ses sourcils, noirs et drus, sont touffus et lui confèrent un air sévère. Il est habillé d’une blouse bleue sans manches ; ses bras sont musclés, forts et solides. Autour du cou, en guise de tablier, est attaché un linge avec lequel il essuie son couteau ensanglanté. Une corde, nouée deux fois, serre sa taille. Sur la tête, s’enroule un turban rose.

Le visage, les mains et les bras sont d’un grand réalisme, le peintre atteignant des résultats magistraux dans le rendu de la carnation. On distingue l’aspect hirsute de la barbe, chaque ride creusant le visage, les veines traversant les bras et les mains, les jointures de celles-ci, les poils des bras, les espaces entre les dents. Des éclats de rose clair, comme des rayons de lumière, viennent frapper le visage d’Elie, intensifiant ses traits.

L’écorce du tronc d’arbre, contre lequel Elie s’appuie, procure des sensations tactiles. On imagine sa surface rugueuse résonnant avec l’expression dure qui caractérise le personnage. La branche noueuse peut aussi être mise en rapport avec la personnalité du prophète et avec l’acte qu’il vient d’accomplir : on imagine ses réflexions tourmentées présidant au massacre.

Le paysage que l’on entrevoit est idéalisé, composé d’un terrain en pente traversé par un large cours d’eau sinueux. La perspective est légèrement déformée car le sol est incliné vers l’avant, presque à la verticale. Au loin, on aperçoit des massifs surmontés d’un ciel doré.

La lumière est étale et chaude, cela est dû à la gamme chromatique dominée par les bruns, ocres, beiges et roses déclinées en plusieurs nuances (ivoire, rose-orangé, jusqu’au rouge garance de la tache de sang). La barbe noire d’Elie attire l’attention du spectateur et l’invite à observer les détails du visage. La blouse bleue, à l’apparence soyeuse, entre en correspondance chromatique avec les massifs bleu-gris que l’on aperçoit au loin. 

Ce tableau de Louis Rivier a un caractère fortement narratif ; même si l’action principale est passée, toute l’énergie et l’excitation du moment sont encore présentes et font vibrer la composition. On ressent une grande tension que les muscles d’Elie, ses traits, son geste, le sang, mais aussi la branche tortueuse et le drapé anguleux, intensifient. 

Le peintre transforme l’épisode religieux en une scène (de crime) dramatique et tragique.