Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Les trois Grâces
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1925-1929
Description iconographique:

Il s’agit d’une composition allégorique représentant « Les trois Grâces ». Selon la mythologie, les Grâces sont des déesses inspirant joie et beauté. Filles de Zeus et de la nymphe Eurynome, elles portent les noms de : Euphrosyne (joie de l'âme), Thalie (prospérité) et Aglaia ou Aglaé (splendeur). En compagnie des Muses, elles dansent au son de la lyre d’Apollon. 

Selon l’iconographie traditionnelle d’origine grecque, les Grâces (appelées Charites) sont nues et forment une ronde. Disposées en cercle, elles dansent, leurs corps étant visibles selon des points de vue précis : le spectateur voit le dos de la déesse centrale et le profil des deux autres. 

Dans la composition de Louis Rivier, les trois Grâces occupent le premier plan. L’une est au centre et les deux autres se tiennent sur les côtés. Chacune est indépendante, elles ne se touchent pas. La déesse située en position centrale se maintient en équilibre sur une sphère de pierre grise. La pointe de son pied droit repose sur un muret. Ses bras se déplacent vers la droite ; elle cherche une position stable tout en souriant et en faisant des gestes élégants. Elle est habillée d’une courte robe transparente, couleur rouge garance.

La Grâce située à gauche est, quant à elle, nue. Elle plie la jambe droite en posant la cheville sur le genou opposé. Elle entrelace ses doigts et regarde vers le bas, l’air songeuse. Un tissu rouge pend de son bras droit. Elle est assise sur une peau d’animal posée sur le muret. 

La Grâce située à droite est aussi assise sur le même muret. Son coude gauche est hors champ ; sa main droite semble s’appuyer contre le bord interne du cadre de la composition. Elle est habillée d’une longue tunique rouge à manches longues. 

A l’arrière-plan, distribuées en deux groupes, sur un pré vert foncé ponctué de fleurs jaunes, se tiennent six jeunes femmes dont : deux complètement nues, deux nues jusqu’à la taille et deux vraisemblablement habillées. Pour la représentation de leurs corps, d’une beauté idéalisée, et de leurs attitudes, gracieuses, Louis Rivier s’inspire vraisemblablement du Bain turc d’Ingres (Le Louvre, 1862). A noter que les deux tableaux utilisent un format de tondo. A gauche, une jeune fille joue de la lyre ; sa compagne, une flûte traversière. Une troisième femme est partiellement cachée et vêtue jusqu’au cou. A droite, une jeune fille est assise, elle tient un stylet d’une main et un livre est ouvert sur ses jambes. Derrière elle, une femme au corps de déesse est nue, mi allongée sur un drap et semble discuter avec quelqu’un hors champ. On voit le visage d’une troisième fille apparaitre derrière celle-ci. 

Le paysage est champêtre, surmonté d’un ciel bleu clair. Au loin à droite, on entrevoit la cime d’une montagne ; au loin à gauche, celle de quelques arbres.

La lumière est vive et étale. On remarque l’ombre portée de la sphère grise ainsi que les ombres façonnant les plis des habits, dont les drapés procurent un effet sculptural. La gamme chromatique est prioritairement constituée de plusieurs types de rouge (carmin, garance, bordeaux) et de rose pour les carnations. Le paysage se compose de couleurs froides, allant du bleu ciel au vert de la végétation. 

Le format de l’œuvre est singulier : la composition est peinte sur un support circulaire inséré dans une planche blanche et verte en bois vernis. Il s’agit d’un cadre décoratif de type Art Nouveau offrant un effet de mouvement. Deux cercles bleus, rappelant la forme de deux médaillons, sont aussi peints sur le support blanc entourant la composition. 

Dans la composition picturale, les lignes souples prévalent ; le format du support accentue cette impression de légèreté (des habits, des gestes, mais aussi des états d’esprit insouciants des jeunes filles). L’idéalisation des personnages cohabite avec un réalisme donné par le paysage, le visage de la Grâce du centre avec ses cheveux courts, ainsi que par d’autres détails comme le muret, dont on remarque les irrégularités de la pierre ; la fourrure, procurant des sensations tactiles ; la sphère grise, objet dont la présence concrète est soulignée par le reflet de la lumière et par l’ombre qu’elle porte au sol. Le style général relève du néo-classique repris par Rivier dans les années 1920.