Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
La Chaîne du Weisshorn
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1921-1922
Description iconographique:

La chaîne du Weisshorn est représentée à la fin du printemps, lorsque la neige a fondu mais que les sommets sont encore enneigés. Ce paysage est construit par plans successifs qui se développent à l’horizontale.

Au premier plan, Louis Rivier peint un amoncellement de rochers dont deux pierres roses, plus hautes, à gauche et à droite, façonnent la symétrie de la composition. Au centre se dessine un petit lac entouré de terre. Juste derrière, s’étend un terrain rocheux et verdoyant. Un second plan d’eau est visible sur le côté gauche de la composition, dans le lointain. Le plan suivant est occupé par la chaîne de montagnes enneigées. Le Weisshorn est la montagne pointue à droite. La partie supérieure du tableau est, quant à elle, entièrement dévolue au ciel bleu, strié de quelques touches de blanc. Trois petits nuages surmontent la chaîne d’une manière symétrique : celui du milieu se trouve parfaitement au centre de la composition, les deux autres sont à équidistance. Ce détail confère une touche quasi surréaliste et, peut-être, mystique au paysage : les trois nuages pourraient faire penser à la Trinité. Leur présence vaporeuse crée un contraste avec la rudesse et la force des rochers du premier plan tout en pointes et creux carrés. Les sommets triangulaires des reliefs renforcent également cette sensation d’aspérité et de solidité.

Les trois-quarts de la composition, à partir des rochers du premier-plan jusqu’aux pieds de la chaîne, sont dominés par le vert, le marron et le gris. Louis Rivier applique la couleur par une scansion répétitive des touches et par quelques aplats. La proximité des touches enrichit la sobre palette utilisée par le peintre en créant, grâce à un effet optique, diverses nuances. De plus, ce procédé confère à la composition un certain dynamisme accentuée encore par une lumière fractionnée et vibrante. Les roches prennent vie et le paysage s’anime par lui-même, en dehors de toute présence et activité humaine.

La neige de la chaîne du Weisshorn entre en dialogue avec les éclats blancs disséminés parmi les rochers du premier-plan. Le bleu du ciel dialogue, quant à lui, avec l’eau des deux petits lacs.

Dans son ensemble, le tableau est lumineux ; les ombres rythment la composition. Il s’agit d’ombres portées qui n’obscurcissent pas la scène, mais soulignent les volumes des roches et les aspérités du terrain.

La disposition des éléments naturels, organisés d’une manière presque théâtrale comme une scène, semble inviter le spectateur à franchir les rochers qui obstruent le passage au premier plan et à s’enfoncer dans le paysage immense et silencieux. La structuration symétrique de l’espace contribue à guider son regard d’un plan à l’autre jusqu’aux trois nuages surmontant la composition. Un voyage initiatique dans un univers puissant où la nature déborde l’humain.

A la fois naturaliste dans la figuration des différents éléments de la nature, presque abstrait dans la représentation des rochers du premier plan, ce paysage pointe aussi le symbolisme, celui de Segantini par exemple. Louis Rivier agence ainsi, dans une seule composition, des orientations différentes qui permettent une lecture plurielle et ouverte de l’œuvre.