Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
La Toilette
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1927
Description iconographique:

Louis Rivier peint son épouse Julie en train d’essuyer leur fils Robert dans la salle d’eau après le bain. Julie est accroupie et fait face au spectateur. Elle oscille légèrement vers la droite, se rapprochant au plus près de son enfant. Sa main droite est posée sur la cuisse et avec les doigts de la main gauche elle retient la serviette sur les hanches de l’enfant.

Robert tourne la tête et regarde aussi en direction du spectateur alors que son corps est tourné vers sa mère. Il entoure de ses bras le cou de Julie. Julie est coiffée de son habituel chignon, porte une longue robe bordeaux à bretelles. L’alliance à son annulaire gauche est bien visible. Robert est nu, il a les cheveux blonds bouclés avec une frange droite sur le front. Dans ce portrait, il est âgé de deux ans.

Le petit enfant se tient sur une serviette blanche dépliée sur le sol. Le rendu des plis du tissu est remarquable : un effet tactile se produit par le traitement pictural de la matière. Sur la droite, une bassine en cuivre remplie d’eau contient une éponge. On retrouvera une cuvette, cette fois en fer blanc avec une serviette posée sur le rebord, dans La Nativité du temple de Villeneuve réalisée en 1936.

Au tout premier plan, une chaise sur laquelle est posée une serviette couleur lilas semble inviter le spectateur à entrer dans la scène. Derrière la mère et l’enfant, apparait un meuble de toilette en bois recouvert d’un tissu vert sur lequel est déplié un linge blanc aux plis bien marqués. Derrière Julie, s’ouvre une fenêtre dont on voit une partie du châssis, un bout de ciel, la tige pour fermer les volets. Le sol se compose de carreaux noirs et blancs disposés en damier. Les murs sont jaune pâle, éclairés ou ombrés dans les angles.

Les corps de Julie et de Robert sont illuminés par le soleil qui traverse la fenêtre. Les ombres des plis des vêtements, des corps, de certains objets apparaissent, traduites de manière réaliste. Contrairement aux portraits situés à l’extérieur souvent dotés d’une lumière uniforme, Louis Rivier prête ici une attention particulière aux effets d’ombre et de lumière générés par les rayons de soleil traversant la pièce.

L’atmosphère est intime et domestique. Une complicité se crée entre le père-peintre qui observe, Julie et Robert qui lui sourient. Mère et enfant sont comme agréablement surpris, comme s’ils avaient été saisis par une prise de vue photographique inattendue. D’où, peut-être, le léger déséquilibre de Julie et la manière de se retourner de Robert. Leurs poses semblent à la fois avoir été capturées à l’improviste et construites comme des compositions classiques.

Le couple forme une unité harmonieuse, le bras légèrement recourbé de Robert est parallèle à celui de Julie, qui a la même inclinaison mais la main dans l’autre sens. Les bras de Julie entourent l’enfant en dessinant autour de lui un cercle invisible, métaphore d’une relation affectueuse et protectrice. Leurs têtes se trouvent en position centrale, dans la partie supérieure du tableau.

Pour ce sujet familial, Louis Rivier choisit un grand format qui confère aux figures et à la scène une majesté et une importance particulières. Cependant, certains détails et objets du quotidien (les serviettes, l’éponge, la chaise, par exemple) ramènent la scène à un contexte domestique. Cette peinture oscille donc entre deux temporalités et deux espaces différents : un espace-temps bien défini et constitué par Julie et Robert dans la salle d’eau de la maison familiale en un moment précis de la journée et un espace-temps plus abstrait constitué par une mère à l’enfant à sa toilette dans l’histoire de la peinture classique.

Cette œuvre de Louis Rivier fait référence à la peinture flamande et, en particulier, à certaines peintures de genre où les figures accomplissent des actions quotidiennes tout en exprimant, grâce à leurs postures élaborées, une dignité, voire une gravité. On pense, par exemple, à La Laitière de Johannes Vermeer où le geste de verser le lait assume une importance presque rituelle. Dans le tableau de Rivier, on retrouve certains éléments de ces œuvres célèbres : le sol en damier a été souvent représenté, avec des variantes, par Vermeer (L’Art de la peinture, Le verre de vin ou La lettre d’amour, par exemple). La bassine en cuivre est un objet clé dans la Jeune Femme à l'aiguière. La représentation d’une scène domestique dans un espace intérieur avec une fenêtre latérale est aussi une composition classique adoptée par les peintres flamands, comme, toujours chez Vermeer, La liseuse à la fenêtre ou Femme en bleu lisant une lettre. La palette de couleurs froides, inhabituelle chez l’artiste, renforce aussi cette référence à la peinture flamande.