Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Autoportrait au caftan
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1948
Description iconographique:

Dans cet autoportrait, Rivier se peint dans une certaine majesté. Son buste est de face, le visage légèrement de trois-quarts. Représenté à mi-corps, il s’agit presque d’un plan américain, cadrage utilisé dans le cinéma et en photographie.

Louis Rivier se tient droit, les mains posées sur les hanches, les coudes pliés sortant du cadre. Son visage a une expression sérieuse et son regard est intense, fixe. Il fronce légèrement les sourcils comme s’il concentrait son regard soit sur un objet situé hors champ. Ses lèvres sont fermées. Il se présente habillé d’un caftan en soie rouge, doublé de fourrure, celle-ci étant visible dans le rabat de la veste et dans le col. En majesté et vêtu d’un riche habit, cet autoportrait rappelle l’Autoportrait à la fourrure (1500) d’Albrecht Dürer et de nombreuses représentations de Rembrandt au XVIIe siècle. Rivier se met en scène dans une pose d’autorité.

Le peintre prête une attention particulière au rendu des matières et des textures, transmettant ainsi des sensations tactiles. Sous le caftan, l’artiste porte une chemise blanche et une cravate noire et, sur sa tête, un béret noir, accessoire souvent représenté dans d’autres autoportraits. Les doigts de ses mains, bien écartés sur le devant, mettent en évidence deux bagues : une alliance à son annulaire gauche et une bague dorée avec une pierre verte à son annulaire droit. Dans les portraits de son épouse Julie, Louis Rivier souligne également la présence de l’alliance nuptiale et, ainsi, affirme son lien profond à son épouse.

Dans cet autoportrait, Louis Rivier a soixante-trois ans, on aperçoit quelques cheveux gris dépassant le béret. Sa peau est lisse et marquée par quelques rides d’expression au niveau du front et du nez. Une ride plus profonde sillonne le cou. Ses joues sont rose vif marquées d’un léger pointillisme gris signalant la barbe rasée. Tout comme le caftan, la carnation et les détails du visage sont peints avec une grande minutie.

Louis Rivier se représente devant un panneau en bois peint en trompe-l’œil. Il ne s’agit pas d’un fond neutre, mais d’un exploit de technique de la part du peintre. Chaque veine et nœud de la surface ligneuse sont rendus avec une précision hyperréaliste. Le brun doré du bois et le rouge du caftan confèrent à la composition une coloration « embrasée ». Ces tonalités rappellent celles utilisées par les maîtres flamands du XVe siècle : on pense, par exemple, au somptueux manteau du dévot en prière dans La Vierge du chancelier Rolin de Jan Van Eyck. Quant à la couleur rouge et à la fourrure, elles peuvent rappeler le premier autoportrait de l’histoire de l’art, L’homme au turban rouge de Jan Van Eyck aussi. D’ailleurs cette attention portée aux textures, en particulier à la fourrure, est typique de la peinture classique flamande, source d’inspiration pour Rivier.

Le regard du spectateur est captivé d’abord par le caftan et ensuite par le visage du peintre. La lumière, comme un projecteur, se concentre sur la figure de Rivier. Les plis des manches du caftan sont soulignés par cette source lumineuse.

On sait que Louis Rivier peignait ses autoportraits en esquissant les grandes lignes du visage grâce à un miroir pour travailler ensuite les détails de la composition en utilisant sa mémoire et son imagination. Autoportrait au caftan révèle, plus explicitement que ses autres autoportraits, ce procédé de construction. Le regard si incisif et concentré n’est-il pas celui du peintre en train de se scruter, de s’observer, peut-être avec une certaine sévérité ?

Notons encore que cet autoportrait serait une variante d’un premier autoportrait au caftan pourpre, datant de la même année, ayant les mêmes dimensions, la différence étant le visage vu de face sur un fond paysager, tableau qui avait été vendu à un collectionneur de Saint-Gall.