Le Mont Rose est un petit tableau vertical réalisé à l’huile et représentant la célèbre montagne des Alpes, à la frontière entre la Suisse et l’Italie. Plus précisément, Louis Rivier peint la pointe Dufour située sur la commune de Zermatt.

La montagne est peinte en plan rapproché, le sommet enneigé occupe la quasi-totalité de l’espace et la perspective est quasiment annulée. Au-dessus des deux cimes de la pointe Dufour, Louis Rivier peint un ciel bleu uni, sans nuages ni nuances particulières. Toute l’attention du spectateur est orientée vers les volumes des roches révélés par la neige abondante qui les recouvre. La lumière d’un coucher de soleil frappe la partie supérieure de la composition lui conférant une tonalité rose et lilas. La partie inférieure reste dans l’ombre, une sorte de creux bleuté qui met en évidence la verticalité du sommet.

Ces effets de lumière et d’ombre sont accentués par un emploi libre et presque désinvolte de la peinture à l’huile. Louis Rivier procède par d’amples touches superposées en plusieurs couches. Les reliefs de certaines zones sont accentués grâce à des traits plus foncés, bien orientés mais toujours libres. La lumière rosée est rehaussée par des touches blanches produit par la pointe du pinceau.

Cette spontanéité du geste met en évidence de nouvelles qualités de l’art de Rivier : une grande capacité de synthèse et l’attention portée au rendu d’une impression. Contrairement à d’autres œuvres du peintre, marquées davantage par l’analyse et la précision des détails, Le Mont Rose atteste un style proche de celui du post-impressionnisme.

Dans les croquis réalisés sur les pages des agendas, comme dans ce tableau, Louis Rivier focalise son attention sur une partie d’un tout. Ici, par exemple, au lieu de peindre toute la chaîne montagneuse en perspective, il décide de cadrer de manière serrée une parcelle du paysage.

Dans la partie inférieure du tableau, il représente une sorte de socle constitué de roches et de terre. Cette zone, dont l’aspect est assez indéterminé, se développe horizontalement créant une base qui projette une ombre bleue sur la montagne. Cette horizontalité contraste avec la verticalité du sommet : un mouvement vers le haut accentué par la forme triangulaire de la pointe principale.