Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Crucifixion
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1928
Description iconographique:

Cette peinture murale représentant le Christ en croix se trouve sur la grande paroi en forme d’arc qui domine la chaire de la chapelle des Terreaux à Lausanne. Hiératique, elle a comme modèle l'intériorité et la retenue manifestées dans la peinture primitive flamande.

Le corps de Jésus est mince, visiblement mis à l'épreuve par la Passion qui l’a conduit à la mort. Ses longs cheveux châtains tombent sur son front ; sa tête, entourée d’une couronne d’épines, se penche en avant et tombe sur le menton. Les mains et les pieds sont fixés à la croix par des clous. Le périzonium, au drapé élaboré, est noué autour des hanches.

Au sommet de la croix se trouve une planche portant une inscription : Jésus rois des Juifs.

A gauche, saint Jean console la Vierge qui, affligée, est en position semi-allongée : les jambes au sol, elle se soutient avec le bras droit, penche la tête contre sa poitrine et porte sa main gauche au visage dans un geste de désespoir. Sa nuque, ses épaules et ses bras sont recouverts par un ample voile blanc ; elle est habillée d’une robe bleu foncé. Saint Jean, derrière elle, est debout avec les bras légèrement écartés. Il pose sa main droite sur l’épaule de Marie en un geste de consolation. Il porte une longue tunique rouge lui couvrant tout le corps.

Sur la droite, est représenté un centurion agenouillé. Son expression manifeste de la stupéfaction : il vient de découvrir la nature divine du supplicié. Il porte une armure métallique, une courte tunique rouge et des sandales aux pieds.

La composition est centrale et symétrique. La distribution des personnages dessine un triangle imaginaire dont le sommet coïncide avec le Christ. La croix se trouve en position centrale et sa branche verticale crée une sorte de séparation entre l’univers maternel et amical de Saint Jean et Marie (dont les corps, très proches, forment une unité figurative) et celui, à l’opposé, du centurion.

Le paysage est minimaliste : un pré vert clair ponctué de roches et de branches mortes, épineuses est surmonté d’un ciel tourmenté traversé par de nombreux cumulus. A l’arrière-plan, des reliefs bleutés se chevauchent. L’espace céleste semble participer au drame qui se produit sur terre et les nuages, aux formes allongées, accompagnent l’écartement des bras du Christ.

Louis Rivier reprendra un semblable effet dans la Transfiguration du temple de Nyon (1947) où le ciel, s’ouvrant à la hauteur des bras du Christ (un Christ transfiguré par la lumière divine) amplifie la charge symbolique de la scène et participe à la révélation de la vraie nature du Fils de Dieu. Dans cette Crucifixion, la disposition des nuages met aussi en évidence la posture de Jésus en lui conférant une majesté particulière.

L’espace entre les trois figures rend cette composition aérée. Le vide et le vent, que l’on imagine souffler et mettre en mouvement les nuages, font partie intégrante de l’œuvre : le spectateur est comme englouti par la grandeur du ciel et submergé par la scène.

Les couleurs dominantes sont le rouge, le vert et le bleu : trio de teintes amplement utilisé par Rivier dans ses compositions religieuses. La lumière est claire et étale. On remarque les ombres portées de saint Jean, de Marie et du centurion, se projetant au sol. Des ombres gris foncé viennent obscurcir le ciel et les nuages. On « respire » un air précédent une tempête. Cette palette renforce la tragique de l'épisode biblique.

En 1932, Louis Rivier peindra une Crucifixion dans le temple d’Auteuil en France. La composition symétrique et centrale est très semblable avec, de part et d’autre de la croix surmontée de l’inscription Jésus de Nazareth Roi des Juifs, saint Jean et un centurion romain agenouillé. Le paysage représente un cours d’eau conduisant à un lac. Un paysage de collines encadre la scène. Le ciel est nuageux, éclairé vivement dans le fond et obscur au-dessus de la croix, participant aussi à la dramaturgie de la mort du Christ.