Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Sainte Cécile
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1945
Description iconographique:

Une fille agenouillée dans un pré tient un violoncelle de la main gauche, l’archet de la droite. Le titre de l’œuvre indique une sainte Cécile. Les traits physionomiques délicats et la silhouette fine et allongée sont presque asexués et d’une beauté candide. Cette figure s’apparente à un ange, ou à une créature céleste. Elle est représentée de profil, mais son visage se tourne de face, orienté légèrement de trois-quarts. Son regard s’adresse au spectateur et ses lèvres sont entrouvertes, dans une expression de surprise et de naïveté en même temps. Elle est habillée d’une longue tunique rouge garance qui lui recouvre tout le corps laissant apparaître son pied droit. Les poignets de la tunique sont ornés d’ourlets en fourrure ; une simple cordelette serre la taille. Une cape, doublée de fourrure marron clair, est nouée autour du cou ; elle descend derrière le dos créant deux plis à l’aspect sculptural et se pose sur le pré. La tête parfaitement ovale est entourée d’une belle chevelure châtain clair ; elle porte un bonnet beige, souple et doux.

Le violoncelle est représenté de profil, avec les cordes bien tendues sur le chevalet ; la volute effleure le bord supérieur du tableau, tout comme le bonnet. Sur le sol, couchés dans le pré, se trouvent un luth, une flûte (partiellement cachée par les jambes de sainte Cécile) et une petite harpe. On pourrait y voir une nature morte.

Les brins d’herbe couleur vert pistache ont une consistance vaporeuse. Le pré forme une sorte de butte et descend à pic sur un village caractérisé par plusieurs édifices : portiques, arcades, clochers et tour. Dans la pente, un rempart se dresse, sur le terre-plein duquel se dresse un grand arbre dépouillé, symbole de finitude. Une forêt d’arbres vert foncé sépare le bourg d’un lac étendu ressemblant à un lac italien. Au loin, les collines se chevauchent en douces courbes à l’horizon. Sur la gauche, un coteau - peut-être le Lavaux - est traversé par un sentier sinueux, dessiné en perspective. Au bord de la composition, le sommet d’un toit en pente et la cheminée d’une habitation soulignent la hauteur de la colline par rapport à la position du village.

Un ciel rose pastel, vaporeux et voilé par une fine brume, permet au visage de la musicienne de se distinguer. Il surmonte le paysage lacustre en lui conférant un caractère atmosphérique. Le peintre s’inspire des vues en perspective aérienne peintes par les artistes de la Renaissance italienne.

La lumière est étale, rosée et dorée. Les rares ombres façonnent les plis de la tunique. Le rendu des textures et des matières est mis à l’honneur notamment dans la carnation du visage et dans les fourrures. La gamme chromatique est sobre, dominée par les verts et les marrons, et rehaussée par le rouge garance. Les différentes nuances de rose (la carnation, le ciel typique d’une fin de journée, la pâleur rosée du bois nu de la harpe et du luth) tamisent l’ensemble, rendant l’atmosphère chaleureuse et douce.

La représentation de sainte Cécile est un thème récurrent dans l’œuvre de Rivier. Ici, les aspects allégoriques sont réduits au minimum. Le peintre met davantage en évidence l’harmonieuse beauté émanant de la figure. Beauté qui se reflète symboliquement sur les instruments qui l’entourent et sur la musique qu’ils procurent, une fois joués. En filigrane, la composition se colore d’une signification spirituelle et méditative.