Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Jésus adolescent au temple
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1937-1938
Description iconographique:

Cette composition religieuse représente un épisode de l’enfance de Jésus raconté dans l’Evangile de Luc et appelé « Le Christ parmi les docteurs ». A l’âge de douze ans, Jésus part en pèlerinage avec ses parents. Au moment de rentrer, il décide de rester à Jérusalem, sans toutefois les prévenir. Au bout de trois jours de recherches, Marie et Joseph le retrouvent dans un Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi et discutant avec eux. Ces derniers sont fascinés par ses paroles et par son intelligence.

Louis Rivier peint un Jésus adolescent, situé au centre de la composition, débout et représenté de profil. Il avance le pied gauche et écarte les mains, comme s’il accompagnait ses paroles d’un geste. Il a les cheveux blonds et bouclés, il porte une tunique rouge jusqu’au-dessous des genoux. Son visage rappelle celui des enfants musiciens représentés par le peintre dans les années 1940.

De part et d’autre de Jésus, mais se tenant un peu à distance de ce dernier, on voit deux groupes de personnages. Il s’agit des docteurs de la Loi : vieillards aux longues tuniques blanches et rouges, aux cheveux blancs et aux barbes duveteuses et hommes d’âge mûr, habillés d’amples capes ou de grands manteaux. Tout le monde porte un chapeau ou un turban. Les vêtements, volumineux, aux drapés élaborés, contrastent avec la simplicité de l’habit de Jésus dont la couleur, d’une teinte vive et lumineuse, captive le regard du spectateur et rehausse la gamme chromatique de la composition. Les gestes et les postures manifestent une curiosité et une excitation générale : certains croisent les bras et aiguisent leur regard ; d’autres indiquent l’adolescent avec la main ou l’index ; d’autres encore se penchent sur le côté pour mieux observer ou demander l’avis du voisin. Tout ce fourmillement de voix, de mouvements de corps et de bruissement de vêtements est contenu dans un décor architectural riche et aéré. L’espace est une loggia : on est comme sur une scène de théâtre. Deux tapisseries sont suspendues sur les parois latérales accentuant la symétrie générale de la composition. La loggia est formée par quatre colonnes et trois grandes arcades. Seules les deux colonnes centrales sont visibles entièrement, celles-ci sont vert foncé, surmontées de chapiteaux décorés avec des motifs abstraits en haut-relief. L’arcade centrale encadre la silhouette de Jésus isolant sa figure et lui conférant ainsi une importance singulière.

Les arcatures sont richement décorées : on distingue des motifs géométriques triangulaires. Sur le haut, les retombées des arches sont ornées de deux tapisseries figurant des losanges où s’entrecroisent un quadrillage de lignes.

La loggia ouvre sur l’effervescence d’une ville située aux pieds de collines. On aperçoit des bâtiments aux toits en pente, typiques des bourgs flamands, mais aussi des façades ajourées de style oriental. Légèrement sur la droite, on entrevoit une place carrée agrémentée d’une fontaine au bassin polygonal rappelant celle de villes italiennes. Le paysage est un agencement hybride fait d’éléments prélevés dans le réel, remanié par l’imagination et par la culture visuelle de l’artiste. Grace à une astuce illusionniste, le peintre suggère la position surélevée de la loggia et donc la présence d’un escalier derrière les colonnes : il peint une figure de dos, assise sur des marches que le spectateur ne peut pas voir, ainsi qu’un handicapé montant les escaliers d’une seule jambe aidé par une béquille.

La perspective ouvre sur le lointain où se profilent des reliefs bleutés peints en sfumato. La tonalité chromatique du tableau est un camaïeu de couleurs lumineuses et estompées. Cet effet est renforcé par le moyen technique utilisé, les crayons de couleur, permettant de fondre les teintes en créant des nuances subtiles et des dégradés délicats. Une lumière dorée baigne la composition ; le ciel aux teintes rosées et orangées révèle un coucher du soleil.

Les réminiscences picturales appartiennent à l’univers visuel de Rivier. La loggia se retrouve dans bon nombre de peintures de la Renaissance italienne mais la référence la plus directe de la composition (scène religieuse, loggia, parapet et paysage) est sans conteste La Vierge du Chancelier Rolin (vers 1435) de Jan van Eyck. L’œuvre de Rivier évoque aussi certains éléments figuratifs et formels repris de son tableau Saint Luc peignant la Vierge, daté de 1940. On pense notamment à l’organisation de l’espace : scène principale se déroulant sous une loggia, trois arcades encadrant la composition, présence de l’escalier caché à la vue du spectateur. On retrouve aussi la perspective, ouvrant sur le lointain, et les emprunts à la peinture italienne et flamande.

Le Christ parmi les docteurs fait partie de la série des 60 illustrations dessinées, consacrées à la représentation d’épisodes bibliques.