Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
La Crucifixion. Le coup de lance
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1936-1938
Description iconographique:

Il s’agit d’une composition religieuse représentant un épisode de la vie de Jésus raconté dans l’Evangile de Jean : « Un des soldats lui perça le côté d’un coup de lance et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau ».

La composition est symétrique et construite autour d’un axe central coïncidant avec la croix. Comme dans l’iconographie classique, le corps de Jésus est mince, visiblement mis à l'épreuve par la Passion qui l’a conduit à la mort. Ses longs cheveux châtains tombent sur sa poitrine et sa tête est ceinte d’une couronne d’épines. Les mains et les pieds sont fixés à la croix par des clous. Le perizonium blanc, au drapé élaboré, est noué autour des hanches.

Au sommet de la croix est accrochée une planche presque entièrement hors champ selon un cadrage déjà utilisé par le peintre dans d’autres compositions, comme La Descente de croix de 1940.

Sur la gauche, un centurion transperce le côté droit de Jésus avec une longue lance générant un flot de sang. Il porte une cuirasse métallique, une courte tunique rouge et un casque sur la tête. Il a une carrure imposante, les bras et les jambes musclés et son expression affiche détermination et cruauté. Son visage est orienté de trois-quarts et son regard s’adresse au Christ.

Au deuxième plan à droite, on voit un autre centurion. Celui-ci est à cheval et semble vouloir s’éloigner. Il est habillé comme son compagnon, il chausse des sandales et il serre une lance entourée d’un drapeau. Il est à califourchon sur l’animal ; ses jambes sont représentées de profil mais son buste et son visage sont tournés de trois-quarts en direction de la croix. Son regard montre une sorte d’incrédulité et un doute semble voiler son expression : peut-être regrette-t-il d’avoir participé à cet assassinat ? Louis Rivier représentera ce même personnage, mais d’une manière presque imperceptible à l’œil nu, dans La Descente de croix également.

Le cheval, de profil, est brun foncé ; il ne galope pas et sa silhouette s’apparente presque à une sculpture en bois.

La partie inférieure de la composition est coupée par un cadrage excluant les pieds du centurion debout, ainsi que la base de la croix. Ce choix formel procure un effet presque photographique, comme si le peintre avait zoomé sur la scène principale. Cet effet photographique est doublé d’un effet scénique : derrière les deux centurions, sur le ciel qui devient alors une toile de fond, leurs ombres se profilent comme si un éclairage venu de l’avant les éclairait.

Le style de ce dessin n’est pas entièrement réaliste. Bien que le corps du Christ soit représenté avec une attention portée aux détails et à la justesse anatomique, les figures des soldats sont plutôt stylisées. Le paysage dépouillé entourant la scène est lui-aussi représenté d’une façon schématisée. Il se compose d’un terrain aride constitué de roches brunes au premier plan et de quelques reliefs bleutés au loin. Derrière la croix, Louis Rivier représente vraisemblablement un petit lac. Tout au fond, deux grands nuages délimitent la scène à droite et à gauche. A l’horizon, le ciel se colore d’une lumière orangée. Un dégradé de teintes couleurs pastel (rose, bleu clair, indigo) conduit le regard du spectateur vers la partie supérieure de la composition, caractérisée par un bleu foncé rehaussé par le blanc brillant de quelques étoiles.

Les rares ombres façonnent les plis des habits et soulignent les creux des aspérités rocheuses.

La gamme chromatique est réduite : les couleurs dominantes sont le blanc, le bleu et le marron avec des éclats de rouge. Louis Rivier utilise cette dernière couleur d’une manière symbolique. Le rouge des tuniques des soldats résonne avec le rouge du sang procurant une enchaînement d’interprétations : on pense à la cruauté humaine (représentée par le centurion au premier plan) blessant le « fils de Dieu », mais aussi au sang comme symbole de rédemption (d’où l’éventuel remord du deuxième centurion qui s’éloigne).

La Crucifixion. Le coup de lance fait partie de la série de 60 illustrations dessinées, consacrées à la représentation d’épisodes bibliques.