Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
La Crucifixion. Entre les deux larrons
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1936-1938
Description iconographique:

Il s’agit d’une composition religieuse représentant un épisode de la vie de Jésus raconté dans L’Evangile de Jean : « Alors, ils le crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche et Jésus au milieu ».

La composition est symétrique et construite autour d’un central coïncidant avec le corps du Christ. Comme dans l’iconographie classique, celui-ci est mince et pâle, visiblement mis à l'épreuve par le supplice qui l’a conduit à la mort. Ses longs cheveux châtains tombent sur ses épaules et sa tête est ceinte d’une couronne d’épines. Jésus est encore vivant et regarde en direction d’un des deux larrons, à sa droite. Ses mains et ses pieds sont fixés à la croix par des clous. Au sommet de la croix, se trouve une planche portant une inscription : il s’agit très probablement de Jésus rex iudaeorum (Jésus rois des Juifs). Le perizonium blanc est noué autour des hanches. Les jambes sont cachées par le corps de Marie Madeleine, représentée de dos de sorte que l’on voit ses longs cheveux ainsi qu’une partie de sa robe bleue et de sa cape verte. Elle soutient la Vierge qui s’évanouit dans ses bras. Une deuxième femme vêtue de rouge lui apporte de l’aide. Le visage de Marie exprime une profonde tristesse. Elle porte un voile blanc sur une robe bleue et blanche. De part et d’autre du Christ, Louis Rivier dessine les deux larrons crucifiés, tous deux regardant en direction du Christ.

A gauche se tient un centurion imposant qui porte une cuirasse métallique, une tunique rouge, un casque sur la tête et des sandales aux pieds. Il regarde en direction des deux soldats qui, assis par terre, tirent au sort la tunique de Jésus : l’un est agenouillé et présente la veste, tandis que l’autre, mi-allongé, lance les dés. Sur la droite, se tient debout un jeune homme regardant en direction de Marie et Marie Madeleine. Son visage est représenté de profil, il a des longs cheveux bouclés et est habillé d’une ample toge rouge au-dessous de laquelle on aperçoit une tunique jaune. Il s’agit peut-être de saint Jean, bien que sa posture (il se tient éloigné du drame et croise les bras) manifeste une sorte de distance en contradiction avec sa fonction traditionnelle de « consolateur » de la Vierge.

Le paysage est réduit au minimum ; les personnages principaux se situent sur un terrain aride. L’arrière-plan est consacré à la représentation de la foule, composée de paysans et de curieux. Ceux-ci s’agglutinent et s’entassent pour essayer d’observer la scène. La plupart d’entre eux serre des bâtons et des lances ou lève les bras au ciel ; leurs visages expriment de la colère. Deux centurions essayent de contenir cette masse qui semble pousser en direction des crucifiés. La composition s’anime grâce à la représentation de ce grand mouvement de corps, à la diversification des gestes et des postures et au rendu des expressions faciales qui font retentir des cris et des injures..

Des cumulus blancs traversent le ciel qui s’ouvre à la hauteur de la branche horizontale de la croix. Il y a dans ce détail quelque chose de surréel et de majestueux, comme si la nature répondait à l’évènement : s’agit-il d’un appel divin ? Louis Rivier utilise un effet similaire dans la Crucifixion de la chapelle des Terreaux à Lausanne (1928) ainsi que, quelques années plus tard, dans la Transfiguration du temple de Nyon (1947.

La gamme chromatique est riche, emmenée par une omniprésence du rouge dont le rouge garance. Des teintes embrasées enluminent toute la partie inférieure jusqu’aux deux-tiers de la composition : rouge, orange, or, rose vif, ocre et marron, principalement. C’est ici, dans cette portion d’espace, que le peintre concentre une grande partie de théâtralité de la scène : le jeu des soldats, le désespoir de la Vierge, la véhémence de la foule. La partie supérieure se caractérise au contraire par la seule représentation de Jésus et des deux larrons. Les croix se démarquent du ciel, d’un bleu très clair. Ces trois personnages semblent ainsi s’isoler des bruits et des actions se déroulant à leurs pieds, comme s’ils étaient déjà « loin » des occupations terrestres. Cette manière d’organiser l’espace (le recul des personnages principaux au deuxième-plan ainsi que l’importance accordée aux actions des personnages secondaires) est caractéristique de nombreuses œuvres à caractère religieux du peintre : on pense par exemple à La Nativité ou à La Descente de croix datant de 1940. Louis Rivier concentre dans un espace réduit une multitude de détails et de micro-scènes tout en arrivant à focaliser l’attention du spectateur sur l’essentiel par le biais de choix formels alternatifs, comme la représentation symbolique du ciel (s’ouvrant autour des bras du Christ), l’utilisation conceptuelle de la couleur (l’alternance de couleurs vives et de couleurs claires) et de l’espace (l’alternance d’espaces épurés et d’espaces plus saturés).

La Crucifixion. Jésus et les deux larrons fait partie de la série des 60 illustrations consacrées à la représentation d’épisodes bibliques.